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Ici tout est sombre, je ne distingue aucune lumière, aucun son rien absolument rien ! Je ne sais pas si je suis toujours en vie ou bel et bien mort, mais comment en suis-je arrivé là ?
Mon amour pour elle m’a rendu fou, enfin la peur de la perdre m’a fait littéralement sombrer dans la folie ! Pourquoi ne me suis-je pas aperçu plus tôt que je virais à l’obsession ? Moi et mon égo surdimensionné ne pouvaient que me conduire à ma perte ! J’ai toujours aimé briller, rester dans le noir ( l’ombre) c’était pas pour moi. J’ai toujours tout fait pour que l’on me trouve beau, intelligent, imaginatif et j’en passe pour ne pas passer inaperçu et ne laisser personne indifférent. J’ai été le premier en tout, celui qui quitte, qui trompe, celui à qui personne ne dit jamais non jusqu’à ce que je la rencontre.
N’Da est littéralement à l’opposé de moi. La première fois que je l’ai vue j’ai été subjugué par sa beauté que je qualifierai d’ardente. Une femme noire avec la silhouette d’une Amazone, un regard de félin qui en a fait fuir plus d’un, avec une PEAU une PEAU NOIRE d’une beauté insaisissable. Une magnifique rose noire avec un franc-parler si tranchant qu’en une phrase elle m’a fait descendre de mon piédestal en atteignant mon ego en plein cœur avec l’une de ses épines. Elle est très différente de toutes celles que j’ai pu rencontrer, rien que son surnom, N’Da, qu’elle a créé n’est rien d’autre que trois lettres de son prénom trop européen à son goût.
« Celui-ci sonne Noir autant que son africanité coule dans ses veines ! »
Elle m’a baptisé Manno, pour elle, mon prénom Emmanuel ne reflétait que mon côté très européen. J’ai toujours été terre à terre mais en sa présence mon pragmatisme n’avait plus sa place. Elle dégage une énergie indescriptible et visiblement personne ne ressent la même chose à ses côtés, à croire qu’elle peut choisir les vibrations qui émanent d’elle à son bon vouloir.
« Les hommes Solaires comme moi, elle n’en voulait pas ! »
Elle n’aime pas attirer l’attention et être en couple avec un homme comme moi ne pouvait que la mettre dans la lumière qu’elle cherchait à éviter au quotidien. Elle m’intriguait, tout chez cette nouvelle ergothérapeute me fascinait sans trop savoir pourquoi. Son total look Noir jusqu’aux lèvres était en total inadéquation avec ses collègues, mais ses patients ne juraient que par elle ! J’ai tout fait pour la revoir en dehors de l’hôpital, quitte à la suivre ! J’aurais vraiment dû me remettre en question à ce moment là. Mais mon sixième sens pour ne pas dire une voix intérieure me répétait inlassablement que N’Da était celle qui m’était destinée et qu’il fallait à tout prix qu’elle et moi ne formions qu’un !
J’ai même dû apprendre à parler le Woucikam qui englobe l’haïtien, le guadeloupéen etc., cette langue plus communément appelée le créole, parce que Madame refusait de converser avec moi en français en dehors de l’hôpital depuis qu’elle avait déduit, à raison, que j’étais d’origine caribéenne. Ce qui au passage a fait le bonheur de mes parents !!! Pour elle « mwen té ka pasé ´l nan tenten », je me foutais d’elle en gros, ce qui n’a jamais été le cas, même si je voulais je n’aurais pas pu. Plus le temps passait plus mon besoin d’être avec elle devenait vital, loin d’elle je ne pouvais que broyer du noir. Allez savoir pourquoi je me sentais littéralement mourir, quand elle a enfin daigné me laisser une chance un nouveau monde s’est ouvert à moi, je crois bien que c’est à partir de là que j’ai commencé à vivre dans une sorte de trou noir ou tous mes gestes étaient dictés telle une marionnette !!!
Texte : Val Ayiti Sekh Met
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