6

Atelier d’écriture : À la folie…mais jusqu’où ? – Texte de Val Ayiti Sekh Met

Ce texte a été écrit dans le cadre de l’atelier d’écriture du groupe Facebook « En chair et en encre (le groupe), sur le thème « à la folie ». Bonne lecture 😉

Je me vois de loin, je suis proche mais si loin à la fois, toute cette prise de risque me fait peur mais pourquoi ? Il faut que j’arrive à me libérer de ces chaînes qui m’empêchent de le quitter avant qu’il ne rentre de son séjour et qu’il ne découvre que je ne suis plus sous son emprise.


Ici dans l’autre monde celui que seuls les morts et les initiés peuvent voir, je commence à me sentir en paix plus aucun problème ne me semble insurmontable, serait-il possible que la fureur d’Ogou Feray soit en train de se calmer ? Il est l’un des deux Lwas qui marchent avec moi et lui s’attend à ce qu’il y ait une guerre, que du sang soit versé, plus particulièrement celui de Manno.


Il faut que je reste calme parce que l’on me regarde, je sens des vibrations qui se rapprochent de moi, des flux d’énergies positives et négatives qui semblent se battre pour rentrer / s’introduire en moi.
Papa mwen toujou di’m «pa janm fè anyen pou kenbe yon gason ki pa renmenw », men li pa janm entèdi mwen kanpe pou tèt mwen si mwen an danje.


Erzulie Dantor se dévoile à moi, elle ne s’est pas faite attendre, l’expédition va pouvoir commencer. Elle me regarde fixement, prête à entrer en guerre. Elle me fait tant penser à la déesse Sekhmet tant la puissance qu’elle dégage est palpable. Son énergie semble brûlante, sa machette qu’elle tient fermement paraît incandescente. Elle me fait comprendre qu’elle a besoin d’un corps pour pouvoir passer du monde invisible et rester le temps qu’il faut dans celui qui est visible. Le seul corps que j’ai à lui proposer est le mien, je ne suis plus très sûre de ce que je m’apprête à faire ! Je n’ai plus la notion du temps, je sais que le temps passe sans savoir si ce sont des minutes, des heures, ou bien même des jours qui se sont écoulés depuis que cette Lwa a pris possession de mon corps physique.


J’espère avoir fait le bon choix en ne privilégiant pas Ogou feray.


Mais comment en suis-je arrivé là, à errer dans ce monde que je ne connais pas, si près et à la fois si loin de tout, j’ai la sensation de me répéter les mêmes choses inlassablement dans ma tête, je me sens observée par des entités que je ne connais pas, celle de ma famille semble ne pas vouloir communiquer avec moi, je finis par ne plus me sentir bien… Je veux rentrer et vite.


Une entité vient enfin à moi, elle m’inspire bien-être et sécurité, mon âme est apaisée auprès d’elle, je ressens cette envie qu’elle a de me protéger telle une mère qui protégerait sa progéniture contre vents et marées. Ainsi, je comprends donc que c’est l’un de mes ancêtres méritants.


« Ou dwe soti isit la, ou rete twò lontan ! Si ou pa prese kow, ou pap ka tounen lakay ou anko ! »
La pression monte en moi, j’appelle Dantor mais elle tarde à venir !!! Ogou lui est venu lui-même, il se délecterait presque de ma détresse…


Il consent à essayer de la ramener, il lui suffira d’un battement de cils pour qu’elle se mette au garde à vous. Ils se mettent à discuter ensemble dans une langue que je ne comprends pas, ils m’ignorent complètement, brusquement ils se retournent vers moi, me regardent fixement sans dire mot et finissent par apposer sur moi chacun un doigt au niveau de ma glande pinéale.


Je me sens partir, puis plus rien !! Un grand trou noir, je suis de retour dans mon corps mais où ? Je ne connais pas ce lieu, la chambre est toute blanche et les murs sont capitonnés et aucune poignée pour ouvrir la porte….


Texte : Val Ayiti Sekh Met

NELTINTANEGRA